
Pourquoi j’ai choisi de prendre la parole à mon tour
L’article paru jeudi 17 avril 2025 dans la presse locale à propos de la fermeture de ma boutique m’a touché par son attention… mais aussi surpris par le ton employé. Entre humour et raccourcis, il donne une impression un peu légère de la situation, presque comme une anecdote ou un vaudeville auquel on ne comprend pas grand-chose. Donc je vais nuancer un peu le propos.

Une réalité économique et administrative pesante
La décision de fermer La Ligne Claire n’a pas été prise sur un coup de tête, ni par découragement. Elle est le résultat d’un enchaînement de facteurs très concrets : la baisse continue de la fréquentation du centre-ville, les nouvelles habitudes de consommation, l’explosion des prix des fournitures artistiques, des loyers, la rigidité bancaire, des délais absurdes pour obtenir la moindre autorisation administrative, etc.
Depuis janvier 2025, la fréquentation a chuté à un niveau critique. En parallèle, les charges ont continué de grimper. Malgré l’investissement quotidien et l’énergie que j’y ai mise, l’équation n’était plus viable économiquement, ce sont des faits incontestables, mais ils ne suffisent pas à raconter toute l’histoire.
Quand je parle de lourdeur administrative…
Je fais référence à toutes ces situations trop nombreuses où vous, entrepreneur, êtes confronté à des services administratifs qui ne fonctionnent pas au même rythme que celui de l’entreprise.
Evidemment, l’exemple décrit dans l’article reste le plus cocasse parce qu’il met en évidence qu’en définitive, on peut presque faire valider n’importe quoi…
Toutefois, le meilleur exemple du moment reste le Pass Culture. Cela partait d’une bonne intention mais c’est rapidement devenu une « usine à gaz » dont s’est vite emparé les partis politiques douteux pour en faire une attaque en règle vis-à-vis de ce cliché qu’est la jeunesse décadente qui ce serait précipitée sur les mangas. Bref…

Comment ça se pass… culture ?
Dans les faits, et pour résumer, il s’agit d’une somme d’argent « bloqué » sur un compte que les jeunes peuvent dépenser via une application.
Ils ou elles sélectionnent un article, un spectacle, une manifestation, etc.
Dans mon cas, imaginons qu’il s’agisse d’un carnet à dessin à 10€.
La personne le réserve, je reçois la notification, je mets l’article de côté, elle le récupère en me donnant un code, j’entre le code sur ma partie « pro » du pass culture, la personne repart avec le carnet dont j’ai avancé le montant (10€) de la vente.
Concrètement, le remboursement peut aller jusqu’à plus de 60 jours alors que la TVA se rembourse tous les mois !
Maintenant qu’est-ce qui se passe pour le commerçant exactement. Le ministère de la culture débloque les remboursements (les 10€ du carnet) tous les 1 et 15 du mois. Ce qui signifie que si la personne est venue chercher son carnet le 2, je dois déjà patienter jusqu’au 15.
Et c’est à partir de là que ça bloque parce qu’une fois que le ministère de la culture a lancé la procédure de remboursement, c’est Bercy, ministère des finances, qui prend le relais…

… et je peux vous garantir qu’ils peuvent tout à fait prendre le temps pour « raisons ministérielles » (réponse que j’ai eu par mail), ce qui fait que concrètement, le remboursement peut aller jusqu’à plus de 60 jours alors que la TVA se rembourse tous les mois et à date fixe !
Ce n’est pas une fin, c’est un changement
Ce que je raconte ici n’est pas une plainte. C’est un constat : celui d’un système qui, malgré des intentions louables, oublie souvent la réalité du terrain, surtout celle des petites structures indépendantes, et prend des décisions contre-productives, voire nocives pour le fonctionnement d’une entreprise indépendante.
C’est donc le petit éclairage que je voulais apporter ici, mais je reviendrai plus longuement sur ce sujet dans le podcast à venir ! :)
En attendant, n’hésitez pas à vous abonner au blog pour rester informé des nouvelles parce qu’il va y en avoir pas mal dans les jours et semaines à venir !
